Serge, salarié en parcours d’insertion polyvalent

Du haut de son mètre 67, son bonnet scotché au dessus des oreilles, Serge fait partie des premiers à intégrer le chantier d’insertion. Popeye pour certains, Grincheux pour d’autres, cette « grande gueule » est un sacré personnage sorti tout droit du Muppet Show. Depuis son arrivée à Emmaüs Défi en 2O1O, il participe aux collectes et livraisons. Serge est un dur, malgré des problèmes de dos « porter » a toujours été son dada. Quant à râler, c’est sa raison de vivre.

Soldat de l’armée de terre, de la marine, envoyé au Tchad, au Liban, sur des pétroliers au bout du monde, ce père de 3 enfants en a vu du pays. Puis, un 22 décembre, il se retrouve à la rue. « Je vivais chez une copine, j’étais devenu alcoolique. Du jour au lendemain, elle m’a dit : « Tu te casses ». J’ai continué à travailler en intérim pour une société de déménagement. Je faisais le 115, je dormais dans la rue, dans des camions, à droite à gauche. Je gagnais 1700 euros et je dépensais tout mon salaire en costards et restaurants ! »

Serge enchaîne ensuite les foyers pendant 7 ans avant de signer, il y a trois ans et demi, pour un appartement. Emmaüs Défi lui fait du bien : « J’ai des copains ici, des amis. J’ai des bonnes relations, même avec les dirigeants. Le seul truc qu’ils n’ont pas réussi avec moi : me calmer ! ». Aujourd’hui sa santé se porte mieux, il a été suivi par des médecins et des psychologues.

En juillet 2O15, la mission d’Emmaüs Défi d’accompagner Serge vers la retraite prendra fin. Pas question pour lui de rester sans occupation : « je ne veux surtout pas sombrer à nouveau, traîner et recommencer à picoler « la tisane » ! ». Bénévole pour l’association, il y pense très sérieusement. « On m’a aidé pendant 5 ans, c’est normal que je leur rende la pareille. À l’heure qu’il est, je serais au cimetière mort d’une cirrhose si j’étais resté dans la rue ! ».

« Un jour, alors que je dormais dans un des camions de la société pour laquelle je travaillais, un salarié m’a surpris. Il m’a dit : « Mais comment tu fais pour rester toujours aussi propre ? » Je faisais attention à ça. »
« Je ne supporte pas qu’on me traite de clochard, j’ai fait des choses avant. »
« J’étais un bagarreur, un sanguin. J’ai fait une erreur de parcours : coups et blessures sur les agents de la force publique. Et devine quoi ? Mon fils est devenu gendarme ! »

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