Activée à mettre en ordre des verres dans le rayon vaisselle du 40 rue Riquet, cela ne fait aucun doute que Nantenin est ici chez elle. Le geste sûr, elle prend son travail très à cœur. Nantenin nous raconte son histoire avec autant de délicatesse, de rigueur et de poésie que quand elle manipule la vaisselle.
Cette femme d’origine guinéenne de 65 ans a vécu de nombreuses péripéties. En 2014, Nantenin, gravement malade, rassemble son courage, ses économies, et saute dans un avion à destination de Paris. Sa priorité c’est sa santé et, elle le sait, en France on saura la soigner.
Après un mois d’hospitalisation, Nantenin n’a plus d’argent. Les Sœurs de la Charité lui conseillent une liste d’associations qui pourraient l’aider. Nantenin connaît bien la figure de l’Abbé Pierre et elle est très étonnée de ne pas trouver Emmaüs sur cette liste. « Je voyais tout le temps l’Abbé Pierre à la télé depuis chez nous, j’ai eu une empathie pour lui. Mais malheureusement quand je suis arrivée il était déjà décédé ». Elle fait des recherches de son côté et parvient à être hébergée par Emmaüs. Elle va enfin pouvoir travailler.
Première déception : Nantenin doit renoncer à exercer son métier d’infirmière, son diplôme n’étant pas reconnu en France. Malgré tout, elle sait ce qu’elle veut faire :
« Étant infirmière, j’ai de l’empathie pour les malades. Si je ne travaille pas à l’hôpital, je veux aller vers un centre social. »
Quand on lui parle d’Emmaüs Défi, Nantenin est séduite. Pour elle, c’est un moyen de travailler dans le social. La date de son entrée chez Emmaüs Défi, Nantenin la connaît par cœur et nous la dit avec fierté : « le 13 mai 2014, j’ai signé mon contrat ». Son contrat de 26h permet à Nantenin de débuter une formation d’aide-soignante, qu’elle obtient haut la main.
En 2016, alors que tout lui souriait, elle perd son titre de séjour et elle ne peut plus travailler. Elle est alors contrainte de quitter le chantier d’insertion d’Emmaüs Défi, en sachant qu’elle y retrouvera sa place dès que sa situation sera résolue.
Après des années de bataille administrative, Nantenin vient de retrouver Emmaüs Défi. Elle travaille aujourd’hui à l’atelier vaisselle, et elle est heureuse et reconnaissante.
« Ils sont en train de nous aider, nous qui n’avions pas de moyens, nous qui n’avons aucune ressource. Moi je n’ai rien, sauf Emmaüs. Je n’ai pas de retraite, je n’ai pas de RSA, je n’ai rien ! Sauf ce que je gagne ici. Merci à eux, merci à Emmaüs, merci à l’Abbé Pierre. »