» Ce que je retiens, c’est vraiment l’engagement des équipes, le côté « on lâche rien » « 

Mederic Jacottin, le directeur de notre projet jeunesse Emmaüs Campüs, quitte ses fonctions ce mois-ci pour s’envoler vers l’ile de la Réunion.

Comment a-t-il vécu les débuts du projet Emmaüs Campüs ? Quelles sont les perspectives du projet ? Et que lui a apporté notre association ? Réponses dans son interview !

Bonjour, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je suis Médéric Jacottin, le directeur d’Emmaüs Campüs depuis maintenant 2 ans et ça fait presque 11 ans que je travaille chez Emmaüs en France.

Peux-tu nous parler du projet Emmaüs Campüs ? Qu’est ce que c’est et pourquoi a-t-il été lancé ?

Emmaüs Campüs fait partie du chantier d’insertion d’Emmaüs Défi, avec les mêmes activités (la collecte, le tri et la vente d’objets de seconde main). Cette activité sert de support pour former et accompagner des personnes en situation de grande précarité. Aujourd’hui, Emmaüs Campüs, c’est 55 salariés en insertion, une équipe de 12 salariés permanents, 3 boutiques et 2 centres de tri.

Mais le projet a d’autres objectifs spécifiquement liés à la jeunesse. D’abord faciliter l’engagement des jeunes à travers le bénévolat, avec toute une série d’actions ciblées, mais aussi lutter plus spécifiquement contre la précarité des jeunes. A travers nos boutiques où nous proposons -30% pour les moins de 30 ans. A travers les salariés qu’on emploie avec 50% de jeunes de moins de 30 ans. Et puis à travers toute une série d’actions de solidarité comme des distributions de vêtements.

Pour fixer des bases solides il nous a fallu deux ans. Entre l’ouverture des ressourceries, la construction des équipes, les process à définir et mettre en place… Tout cela a pris du temps. En parallèle, nous avons réfléchi à l’avenir du projet : comment répondre concrètement à nos objectifs de lutte contre la précarité chez les jeunes. On a testé un certain nombre de choses, et là, l’idée, c’est de les amplifier à travers de futurs projets.

Pourrais-tu nous parler des futurs projets ?

Bien sûr. Sur l’aspect « insertion des jeunes », nous avons un projet qui s’appelle ‘Insert jeunes’. Il s’agit d’une équipe mobile de jeunes salariés en insertion, qui seraient accompagnés de manière spécifique. Ils feraient des activités de sensibilisation, de collecte, de vente ou de distribution, uniquement dans des universités, des grandes écoles ou des lieux jeunesse.

Également,  nous comptons mettre en place régulièrement des distributions de vêtements et de matériaux de première nécessité. Depuis la création d’Emmaüs Campüs, nous donnons à des accueils de jour et à des associations étudiantes comme Cop1. L’idée c’est de continuer à les aider mais aussi de développer nos propres distributions. C’est quelque chose de très Emmaüs, que des gens qui sont en difficulté, peuvent se reconstruire en aidant d’autres gens qui sont aussi en difficulté.

Le dernier projet sur lequel nous travaillons, c’est celui du PASS Campüs. L’idée est de faciliter l’engagement des jeunes à travers toute une série de stages courts. Sur les 6 premiers mois de l’année, on a déjà accueilli une trentaine de stagiaires sous différents formats pour leur permettre de découvrir ce qu’est l’insertion. L’objectif est, à terme, de créer une véritable communauté de jeunes bénévoles qui appuient nos salariés en insertion à travers des cours de numérique, ou de conversation par exemple. Nous sommes dans une société où il y a besoin de lien entre les gens qui ne se parlent pas et ne se connaissent pas. Et c’est vraiment un des objectifs qu’on veut à travers ce projet de Pass Campüs.

Peux-tu maintenant nous parler de ton expérience chez Emmaüs Défi, qu’est ce que tu as particulièrement apprécié ici ?

Ce qui est vraiment chouette ici, c’est cette recherche constante de toujours mieux répondre à la question : comment peut-on encore mieux aider les personnes les plus en difficulté ? Souvent, dans l’ESS, on ne s’occupe pas de ces personnes parce qu’il faut vraiment aller les chercher, elles ne se présentent pas spontanément. Elles sont plus difficiles à accompagner car les difficultés qu’elles ont rencontrées dans leur vie les rendent plus vulnérable et multiplient les freins à l’insertion socioprofessionnelle. Pourtant on peut contribuer à leur donner une place digne dans la société. Et c’est ce qu’on fait ici chez Emmaüs Défi.

On change la vie parfois un tout petit peu, parfois beaucoup, de plusieurs centaines de personnes juste sur l’activité d’insertion à Emmaüs Défi. C’est super d’œuvrer pour une structure qui a du poids, on peut avoir plus d’impact !

Pour conclure cette interview, aurais-tu une anecdote à nous raconter qui représente bien les 2 années que tu as vécu ici ?

Ce que je retiens, c’est vraiment l’engagement des équipes, le côté « on ne lâche rien ».

Je peux peut-être l’illustrer sans dévoiler de nom : on avait une salariée qui s’est retrouvée à la rue avec ses 2 enfants. Elle le cachait. Quand on l’a appris, ça faisait déjà plusieurs semaines qu’ils dormaient dehors. A ce moment là, tout l’équipe s’est mobilisée. Une encadrante lui a trouvé un hébergement chez une de ses amies, on a fait une cagnotte pour elle, chacun a appelé sa famille, ses amis, nous gardions ses enfants chacun à tour de rôle… Un exemple parmi d’autres de la grande solidarité avec les personnes que nous accompagnons !

Finalement, la France tient aussi beaucoup grâce à toutes ces personnes, à tous ces bénévoles, à celles et ceux qui consacrent leur temps et leur énergie à faire que le pays soit un peu plus fraternel. On en a vraiment besoin.

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