Mavin, salarié en parcours d’insertion

Mavin, ou Marvin comme il aime se faire appeler en référence à Marvin Gaye, est un grand rêveur.

Parmi ses plusieurs vies, il a été en 1999 directeur de la radio Arc en Ciel à Abidjan et gérant de sa société de communication. Depuis 2009, il collabore avec la Fédération internationale des Droits humains et préside son association de l’Uvdtab-CI qui vient en aide et défend les victimes des déversements toxiques dans la région d’Abidjan. Arrivé en France un soir de décembre 2012 pour se faire soigner d’un grave accident, Mavin a bien roulé sa bosse depuis. Devenu consultant expert auprès de diverses ONG telles que l’ONU, Amnesty International et Greenpeace, Mavin a donné des conférences pour la paix et la réconciliation suite à la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Depuis 2019, il est également animateur bénévole de Radios Fréquence Paris Plurielle et membre de la Commission Débat permanent du Samu Social de Paris.

« Grâce à Emmaüs, je renais de nouveau ! »

Mavin est entré chez Emmaüs Défi le 12 novembre 2019, un jour qui marquera sa « renaissance ». Suite à son immersion dans les différents ateliers, il est affecté à l’atelier textile. Ou plutôt, « c’est le textile qui l’a choisi ». Mavin ne croit pas au hasard, et trouve un sens dans chacune des péripéties de sa vie. Le textile est un signe du destin. Son papa était couturier-tailleur en côte d’Ivoire, il ne fait aucun doute pour lui que c’est un message qui lui est envoyé. Chaque jour, Mavin arrive tôt le matin, bien plus tôt que ses camarades, car il veut « rendre la pareille à ceux qui lui ont tendu la main ». Pour lui, Emmaüs Défi « c’est le baobab, chacun sur sa branche mais pas un qui flanche, on avance, en silence, on profite de cette deuxième chance ».

Si vous demandez à Mavin quelle est sa nationalité, il vous dira qu’il est aujourd’hui aussi Français qu’Ivoirien : « C’est ma terre d’accueil ! Quand je suis arrivé pour me faire soigner, je suis resté un mois à l’hôpital, et je n’ai rien payé ! Je dois beaucoup à la France ». Mais son histoire est depuis des générations intimement liée à celle de la France, son grand-père a combattu pour la nation française durant la seconde guerre mondiale quand son beau-grand-père, que l’on surnommait « Bientôt », était sur le front dès la première guerre. Le français est sa langue maternelle, et il se souvient de sa grand-mère qui disait qu’il fallait être beau pour le « catasoulier ». Il rit. Des années plus tard, il comprend et trouve enfin la signification du fameux « catasoulier ». « C’était la fête du 14 juillet ! Une journée où on mettait nos belles chaussures, où on se sapait, c’était logique ! ».

«  L’écriture est mon exutoire. »

Depuis tout jeune, Mavin manie les mots avec aisance et légèreté. Sa culture littéraire, il la doit à son grand-père qui avait une immense bibliothèque dans laquelle il aimait se perdre. C’est là-bas qu’il a découvert les écrits de Léopold Senghor et les poèmes de Victor Hugo. En famille, Mavin se nourrissait des histoires racontées par sa grand-mère. Dès lors, il se met à écrire, en rimes, en vers, en prose. Ses sujets sont le reflet de son parcours. Il vous parlera d’écologie, de la mer, la reine des flots, actrice principale de son texte fondateur le Naufragé. Dans le film documentaire Cyrano et la petite valise, réalisé par Marie Frapin, il y chante ce texte qu’il a écrit. Un poème inspiré de sa propre histoire, de celle de tous les jeunes qui quittent leur terre. Lui-même a déserté la misère et s’est retrouvé en enfer dans le couloir de la mort, avec toutes ces personnes qui n’ont pas survécu, et auxquelles il rend un vibrant hommage. C’est à la remise du prix du Samu Social qu’il rencontrera « Tata » Taubira, une femme qu’il admire pour sa force et son courage, elle qui le surnomme « le rimeur ».

« Je serai président de mon pays. »

Mavin nous assure que jamais il ne lâchera l’affaire, et que malgré les aléas de la vie, malgré cet accident qui l’handicape chaque jour, il a à cœur de « vaincre la faiblesse de la chaire par la puissance de la volonté ». Si vous lui demandez ce qu’il a en tête pour son futur, Mavin voit d’abord à court-terme avec l’obtention de la licence en lettres modernes qu’il prépare à l’université Paris Diderot. Et pourquoi pas ensuite entrer dans les murs d’Emmaüs Défi en devenant conseiller en insertion professionnelle. Il assure qu’il faut toujours se projeter, qu’il faut regarder plus loin et se donner le droit d’espérer. Il nous confie même qu’il rêve secrètement de devenir un jour, président de son pays, la Côte d’Ivoire.

 

Mavin nous quittera avec ce mot de la fin :

« Seuls ceux qui osent s’accordent le droit de rêver, espérer, réussir. Seul le courage transforme la complainte en chant d’amour. Tous debout, tous devants ».

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