« C’est un chantier qui est né pour donner du travail à ceux à qui personne ne veut en donner, et pour moi, c’est quelque chose de fort »

Interview d’Anne-Marie Tholi, chargée de partenariats emploi Convergence Paris et déléguée du personnel au sein du CSE d’Emmaüs Défi. Jeudi 28 mars, quelques jours avant son départ à la retraite.

 

Bonjour Anne-Marie, dans un premier temps peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Anne-Marie Tholi, je suis chargée de partenariats emploi au sein du dispositif Convergence Paris et également déléguée du personnel au sein du CSE (comité social et économique) chez Emmaüs Défi.

Merci. Peux-tu nous expliquer ce qu’est Convergence ?

Convergence, c’est un dispositif né il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Il était difficile de permettre aux salariés en insertion d’avoir des parcours qui soient stables et pérennes et qui leur permettent, à la sortie d’Emmaüs Défi, de retrouver une vraie place dans la société. Certains salariés en insertion pouvaient avoir jusqu’à neuf freins à l’embauche et c’était très compliqué, dans les 24 mois qui nous étaient impartis, d’arriver à faire ce qu’il fallait pour que ce soit suffisant. On n’avait pas assez de temps pour bien travailler avec eux, et on n’avait pas forcément les compétences nécessaires dans les domaines de la santé, du logement, voire dans le domaine de l’emploi. C’est de ce constat-là qu’est né Convergence.

Très bien, Convergence travaille seulement avec Emmaüs Défi ?

Non, Convergence est né chez Emmaüs Défi mais nous travaillons avec d’autres chantiers d’insetion, et pas seulement parisiens. Petit à petit on a essaimé, Convergence s’est agrandi sur Paris puis sur d’autres territoires nationaux et maintenant il y a huit territoires qui ont mis en place Convergence.

D’accord. De manière très concrète, peux-tu nous parler des actions qui sont mises en place par Convergence ?

Quand un salarié arrive, on se pose plusieurs questions. Est-ce qu’il a déjà un dossier de demande de logement ? Est-ce que ce dossier a été actualisé ? Comment peut-on faire pour que, sans sortir du droit commun, le dossier soit géré au mieux et au plus vite ?

Au niveau de la santé, on peut proposer des bilans de santé si la personne en a besoin ou encore l’accompagner sur certaines démarches vis-à-vis de problématiques précises comme l’addiction par exemple.

Enfin, sur l’emploi, ça peut être aider les chargés d’accompagnement en construisant des partenariats difficiles à monter de façon individuelle parce que ça prend énormément de temps, mais aussi trouver de nouveaux partenaires, avec qui mettre en place des périodes d’immersion pour permettre d’accueillir les salariés et par la suite, de trouver du travail soit chez eux, soit ailleurs. Convergence c’est vraiment, avec les chargés de partenariats emploi/santé/logement, apporter une aide, un appui, aux CIP dans les chantiers d’insertion et leur permettre de construire des suites de parcours stables et pérennes pour les salariés en insertion.

Quelles sont les missions qui rythmaient ton quotidien chez Convergence ?

En fait, l’essence de mes missions, c’était d’arriver à faire comprendre les spécificités d’Emmaüs Défi et de ses salariés en insertion, qui ne pouvaient pas suivre un parcours classique. Il est compliqué pour un salarié en insertion de suivre un parcours de recrutement tout à fait standard. Il faut les accompagner pendant le processus de recrutement mais il faut aussi qu’ils puissent être accompagnés et accueillis dans la future structure ou entreprise qui va les accueillir. Ma mission de chargée de partenariat emploi, c’était aussi ça : jouer ce jeu de maillon entre le chantier d’insertion et l’entreprise, pour qu’il y ait le moins d’échecs possibles dans le parcours et que le futur recrutement se passe bien et qu’il soit pérenne et stable.

Merci beaucoup pour ces explications. Parlons à présent du Comité Social et Economique (CSE). Tu en faisais partie, peux-tu m’expliquer ce que c’est ?

Être déléguée du personnel, c’est ma deuxième casquette chez Emmaüs Défi. J’ai commencé à faire ce travail il y a 7 ou 8 ans, au moment où il y a eu des élections professionnelles. Cela m’intéressait de faire ce lien, peut-être parce que j’étais déjà chargé de partenariat emploi et que j’aimais bien fédérer autour de certains projets. Je me suis dit que c’était important pour Emmaüs Défi qu’il y ait un lien entre les salariés permanents ou en insertion et la direction pour qu’on puisse arriver à construire quelque chose qui soit de l’ordre d’un dialogue social apaisé et surtout constructif.

Et quelles étaient tes missions au CSE ?

Au CSE, je suis assez rapidement devenue secrétaire. En fait, très souvent, on disait que j’étais le Gemini Cricket de la direction. Mon rôle, c’était de faire en sorte que tout ce qui pouvait concerner le quotidien des salariés soit analysé et connu par la direction. Quand il y avait des choses à mettre sur la table, que ce soit au sujet des conditions de travail ou des problématiques plus personnelles, il fallait qu’on puisse établir le dialogue entre les salariés et la hiérarchie. Aussi, tous les mois, nous mettions au point l’ordre du jour des CSE, des réunions entre délégués du personnel et direction pour faire remonter ces problématiques et discuter de ce qu’on pouvait imaginer comme solutions, améliorations ou changements dans la structure.

Dernière question, qu’est-ce qui te plaît plus qu’ailleurs ici chez Emmaüs Défi ?

Ce que j’aime le plus chez Emmaüs Défi, c’est de continuer d’y trouver la genèse. C’est un chantier qui est né pour donner du travail à ceux à qui personne ne veut en donner, et pour moi, c’est quelque chose de fort. J’ai toujours essayé de retrouver cette valeur-là chez Emmaüs Défi. Tous les chantiers d’insertion sont là pour aider des personnes en difficulté, on est bien d’accord là-dessus, mais chez Emmaüs Défi, il y avait cette petite chose loin d’être anodine au départ.

Aujourd’hui Emmaüs Défi s’est agrandi, et bien évidemment, on ne peut plus respecter ce principe au pied de la lettre car il y a de nouvelles contraintes économiques et sociétales qui font que chacun fait du mieux qu’il peut… Mais Emmaüs Défi a toujours ce petit côté-là, de porter la voix des sans voix et d’aider ceux qui sont le plus en difficulté. Ça crée beaucoup de contraintes, beaucoup de difficultés mais aussi beaucoup de fierté. Il y a eu des moments compliqués et des moments plus faciles, mais chez Emmaüs Défi, on retrouve toujours ce cœur vers lequel on va quand on se perd un peu. C’est vraiment ça qui m’a toujours portée, et que j’ai toujours porté aussi dans mes recherches de partenariats.

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